Miren Arzalluz:
L’art de partir sans jamais se quitter
Texte: Oier Aranzabal Photos: Guggenheim & James Weston
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“La révolution est l’harmonie de la forme et de la couleur, et tout existe et se meut sous une seule loi : la vie”
– Frida Kalho
Miren Arzalluz est passionnée par l’art. Après avoir obtenu un doctorat en Histoire à l’Université de Deustu, elle poursuit des études en Histoire de l’Art au Courtauld Institute of Art de Londres. Ce parcours marque le début d’une carrière faite de mouvements constants, de voyages incessants, poussée par les courants changeants de l’art et de la culture. Elle devient conservatrice en chef du Musée Balenciaga puis, après un passage d’un an à la tête d’Etxepare Euskal Institutua, prend la direction du Musée du Palais Galliera – Musée de la mode de Paris. Après sept ans dans la capitale française, elle revient au Pays Basque pour diriger le Musée Guggenheim de Bilbo. En réalité, ce retour n’est que symbolique, car aussi loin qu’elle soit allée, elle n’est jamais vraiment partie.
Le regard de Miren Arzalluz est profondément ancré au Pays Basque mais ses yeux sont largement ouverts sur le monde. Elle conçoit la culture comme un tissu qui façonne la société, sous l’apparence d’une robe Balenciaga ou d’une toile représentant un monde nouveau, à l’instar du peintre bilbayen Antonio Gezala, de Frida Kahlo ou de l’exposition YOU de Vito Acconci et Sergio Prego, qu’elle propose en tant que directrice (à voir jusqu’en septembre 2025). La culture, pour elle, est avant tout un langage : un moyen de communiquer, de poser des questions, voire de trouver des réponses.
Au Musée de la Mode de Paris, elle a su mettre en lumière des récits intimes à travers le vêtement : une révolution dans le dédale complexe des identités et des rêves. Balenciaga ou Chanel, Dior ou Margiela, autant d’artistes qui s’expriment par les textures, les silhouettes et l’espace. Arzalluz parvient à allier comme personne art et humanité. Elle sait que l’appartenance au peuple basque et la citoyenneté mondiale sont les deux faces d’une même pièce. En plus d’être une référence dans le milieu de l’art contemporain, elle aborde la direction du musée Guggenheim de Bilbo avec la volonté affirmée de renforcer les liens avec la scène artistique basque.

Miren Arzalluz tisse d’un même fil l’art et la société, le passé et le futur, le local et le mondial.
Dans une époque marquée par des tensions croissantes entre les États-Unis et l’Europe, le pont construit entre New York, Bilbo et Venise par le Musée Guggenheim revêt une importance capitale. « Je veux croire que la Culture est un domaine qui nous offre un peu de liberté », confie Arzalluz. « Il est évident que le contexte politique aura un impact majeur au sein des entités culturelles des États-Unis ».
Dans les moments sombres, le rôle indispensable de la culture et des institutions culturelles auprès de la société devient d’autant plus évident : « L’une des options que nous offre la culture, c’est la résistance », déclare-t-elle. Car, pour Arzalluz, le musée n’est pas une entreprise, mais un organisme vivant, un espace de dialogue permanent.
Miren Arzalluz tisse d’un même fil l’art et la société, le passé et le futur, le local et le mondial. « Je viens de prendre mes fonctions. Je suis en phase de réflexion avec les différentes équipes, mais nous annoncerons bientôt les grandes orientations à venir », explique-t-elle lors de sa première apparition officielle en tant que directrice. Il n’est pas surprenant que son parcours soit un véritable patchwork de mode, d’art, de culture et d’identité. Et pour elle, cette arrivée Guggenheim n’est pas un aboutissement, mais un nouveau point de départ. Arzalluz, fidèle à elle-même, est en mouvement, toujours prête à relever de nouveaux défis.


