Owantshoozi, créer ou mourir !

OWANTSHOOZI

Lire la vidéo
Texte : Nahia Zubeldia / Vidéo : Mito & Iker Treviño /

Photos : Owantshoozi
FB
PN
X

Share

Créer ou mourir !

À l’image du fumier qui fait pousser des roses, les déchets les plus improbables peuvent cacher de véritables trésors. Encore faut-il avoir le regard affûté et le savoir-faire d’Owantshoozi pour les déceler et les révéler au grand jour.

Après leurs études (Master à l’École de la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne pour elle, Bachelor avec Prix de l’Authenticité à la Design Academy d’Eindhoven pour lui), frère et sœur décident de créer une marque.

Au moment de lui donner un nom, après avoir parcouru un dictionnaire basque de A à Z sans y dénicher aucun nom assez percutant, Ddiddue lance : « Owantshoozi ! ». L’interjection de surprise baptisera finalement la marque familiale. Il faut dire que ce nom leur va comme un gant : la surprise, c’est toute l’essence d’Owantshoozi. Celle qu’ils aiment déclencher chez les autres, mais surtout celle qu’ils cherchent à revivre, encore et toujours, dans leur processus créatif.

Car Juana et Ddiddue sont de grands enfants à l’œil plein de malice : les enfants d’un père défenseur de la culture et d’une mère amatrice de mode ; les petits-enfants de leur grand-mère, qui tenait une épicerie dans leur atelier actuel d’Ordiarp ; mais aussi les enfants de la Soule, province la plus sauvage du Pays Basque —dans le meilleur sens du terme, évidemment-. Loin d’eux la tentation de verser dans une mythologie basque folkloriste à la mords-moi-le-nœud. Ces deux-là sont profondément ancrés dans la modernité, mais ils ont la mythologie chevillée au corps, comme ce tatouage qu’ils n’hésitent pas à coudre sur la peau du Kautera, personnage de la mascarade souletine, relookant la tradition basque à coup de pop culture.

À la merci de la matière
Juana et Ddiddue n’établissent aucune hiérarchie entre les matières. Pour eux, le caoutchouc ne vaut pas moins que l’or, l’argent ne vaut pas mieux que la pierre. Car la valeur ne vient pas des matériaux mais du regard qu’on leur porte. En génies de la lampe, ils exaucent la botte en caoutchouc qui rêvait de devenir casquette, la toile de parachute qui voulait être un sac à main ou à la dalle de sol de la RATP qui se voyait déjà en haut de l’arbuste, sous forme de nichoir.
Les deux artisans méticuleux retroussent leurs manches pour faire danser aiguilles et ciseaux. Car ils font tout eux-mêmes, du design à la couture, de la réception de rebuts à la mise en boutique.

Ddiddue et Juana nagent à contre-courant du consumérisme et du jetable. Ils sont prêts à sauver tout ce qui leur tombe sous la main pour lui donner une seconde vie. À l’instar de Mary Poppins et de son sac à malice, ils parviennent à glisser dans une seule casquette une botte, une chambre à air de tracteur et une toile de parachute.

Solide légèreté
Si Juana et Ddiddue n’hésitent pas à se triturer les méninges, quand il s’agit de se poiler, ils ne sont jamais les derniers. La véritable sagesse, pour eux, consiste à choyer sa part de folie. Leur dernière création en est le témoin évident. Ces quatre coussins, réalisés avec un jeu de couture délicat, illustrent les quatre éléments à travers un fil interminable qui trace des dessins fins et complexes sur de la toile récupérée. Mais l’observateur attentif remarquera que le vent est représenté par une flatulence, et l’eau par une généreuse et foisonnante femme fontaine.

Cette audace humoristique, qui apporte une dimension supplémentaire au travail d’Owantshoozi, met également en lumière l’humilité de Juana et Ddiddue : leur création ne cherche jamais à fournir des réponses mais à susciter de nouvelles questions. Ils ne considèrent pas le client comme un simple récepteur passif d’objets finis. Ainsi, leurs nichoirs, réalisés à partir de sols de la RATP, sont conçus comme des puzzles que chacun et chacune peut assembler chez soi, sans clou ni vis. Les designers généreux choisissent ainsi de partager avec l’acheteur le frisson du processus créatif.

Des accessoires décorés
S’ils avaient pu dire à leur grand-mère que des chapeaux et accessoires créés dans son ancienne épicerie leur vaudraient un prix Chanel et un prix Hermès, elle aurait sans doute eu du mal à y croire (se serait-elle écriée “owantshoozi !” ?). Eh oui, chez Juana et Ddiddue, ce sont les distinctions qui volent en escadrille. Pour autant, au sommet de la fame, ils n’ont pas laissé le temps à leurs chevilles d’enfler. Ni une ni deux, ils se sont remis au travail, fidèles à leur nature d’artisans appliqués et infatigables.

Loin des projecteurs, ils ont mis à profit ces récompenses pour nourrir leur créativité, travailler avec des ateliers de Chanel, découvrir de nouvelles machines et même s’en équiper, pour pouvoir travailler encore, travailler toujours, travailler mieux, sans jamais se lasser.
Car, comme ils disent, “Sorkuntza ala hil!” (Créer ou mourir !).

Les cartes Fournier : maîtres du jeu

FOURNIER

Texte: Naia Zubeldia / Photos: Mito
FB
PN
X

Share 

Les premières parties du Mus, ce jeu de cartes unique en son genre, se déroulent au cœur de la province de Gipuzkoa.

Ce « poker basque », mentionné dès le XVIIIe siècle par le Père Larramendi dans sa Corografía o descripción general de la muy noble y leal Provincia de Guipuzcoa, fait appel à la malice, au bluff et à une communication subtile entre partenaires. Avec des expressions basques comme « hordago » ou « eduki », le jeu témoigne de ses origines profondément enracinées dans la culture locale.

Heraclio Fournier (1849-1916)
La fabrique à Vitoria – Gasteiz à la fin du XIXe siècle

Heraclio Fournier : l’as des as
C’est en 1870, à Vitoria/Gasteiz, qu’Heraclio Fournier, issu d’une lignée d’imprimeurs français, ouvre son propre atelier de lithographie, à l’âge de 19 ans. Sept ans plus tard, il commande au peintre local Diaz de Olano et au professeur de l’école d’Art de la ville le dessin d’un jeu de cartes baptisé « Vitoria ». Sans le savoir, Fournier pose les bases de ce qui deviendra le jeu de cartes le plus emblématique de la péninsule : la « baraja española ».

Partie de mus Ramiro Arrue (1892-1971) – Musée Basque de Bayonne

Une marque au rayonnement mondial
Le succès des cartes Fournier ne s’arrête pas au Mus. Avec une croissance constante, la marque se diversifie et conquiert de nouveaux marchés. En 1986, Naipes Heraclio Fournier SA s’associe à The United States Playing Card Company, devenant le leader mondial du marché des cartes à jouer.

Ancien logotype de la maison Fournier avec l’usine de production à Vitoria – Gasteiz.

« Malgré son expansion internationale, Fournier reste fidèle à ses racines.”

Une fabrication toujours enracinée au Pays basque
Malgré son expansion internationale, Fournier reste fidèle à ses racines. Ses cartes continuent d’être produites en Alava et équipent désormais les casinos du monde entier. Grâce à la diaspora basque, elles voyagent bien au-delà de la péninsule, animant des tournois de Mus de Buenos Aires à Vancouver en passant par Sydney.

Les cartes Fournier, symboles d’un savoir-faire unique, perpétuent une tradition séculaire tout en s’adaptant aux enjeux d’un marché global. Et si la partie semble bien entamée, le glas est encore loin d’avoir sonné.

Livre Hemendik : L’histoire de 50 objets iconiques du Pays Basque

Plus d’articles

View All

Sancheski, le premier skate en Europe

SANCHESKI

Texte: Naia Zubeldia / Photos: Mito
FB
PN
X

Share

La planche à roulettes basque Sancheski n’a rien à envier à ses homologues Outre-Atlantique. Grâce à une famille d’Irun, elle a sur adapter l’esprit du surf à la glisse urbaine.

En 1964, alors que les planches de surf envahissent les vagues de la côte basque, une planche d’un autre genre atterrit à l’aéroport de Biarritz. Le « roll-surf », ou « planche à surfer les trottoirs », débarque de Californie pour investir les espaces urbains de la région. Grâce à elle, une journée sans vagues n’est plus synonyme d’une journée sans glisse. Une petite révolution est en route.

De la neige à l’asphalte
L’événement ne passe pas inaperçu auprès d’une famille d’Irun. À la tête de Sancheski depuis 1934, entreprise de fabrication de skis et d’équipement de sport, la famille Sanchez peine à vendre sa production face à la concurrence croissante des marques françaises et autrichiennes. En 1966, le père décide de diversifier son activité. Outre les pentes enneigées, Sancheski adapte ses machines pour concevoir des planches destinées à dévaler le bitume.

Reste à promouvoir cette nouvelle activité qui n’en est qu’à ses prémices en Europe. Les frères Sanchez fondent la Sancheski Team et sillonnent l’Espagne et la France pour proposer des démonstrations de skate aux collèges et autres lieux qui veulent bien les accueillir.

Pionnière en Europe
La première marque de skate européenne est née. Les différents modèles de skateboards sont fabriqués à partir d’un même ensemble de matériaux : une base de bois massif montée sur des axes et des roues de patins à roulettes. Puis, des planches en contreplaqué cintré, en fibre de verre et enfin en polyéthylène avec le modèle « top naranja ». Ce modèle devient rapidement la référence au début des années 1970, jusqu’à être rebaptisé « el sancheski ».

Démonstration de skate par le Sancheski team à Madrid – 1978

« Le premier skatepark du continent est construit à Erromardie (Saint-Jean-de-Luz) en 1977.”

Une renommée déferlante
Des améliorations techniques sont vites apportées à la planche, notamment la roue en uréthane en 1973, véritable révolution. Plus durable et offrant une meilleure tenue de route, elle ouvre la voie à l’explosion du phénomène skate, qui devient international. L’engouement dépasse les frontières du Pays basque pour s’étendre à toute l’Europe. Le premier skatepark du continent est construit à Erromardie (Saint-Jean-de-Luz) en 1977. Puis les villes de Getxo, Gernika et bien d’autres se munissent de rampes pour attirer les riders.

Sancheski a inspiré de nombreuses autres marques de skate locales, mais elle continue, portée par la nouvelle génération de la famille Sanchez, de proposer des planches toujours plus performantes et innovantes. La dernière en date ? Le « Surf-skate », créé à l’occasion des cinquante ans de la marque en 2016, dont l’axe plus souple permet de réaliser en ville des figures semblables à celles du surf. Sur les pavés, la plage.

Orbea : du canon à la petite reine

 

ORBEA

Texte: Naia Zubeldia / Photos: Orbea
FB
PN
X

Share 

Fondée en 1840 à Eibar, l’entreprise Orbea Hermanos, spécialisée dans l’armement, incarne l’âge d’or de cette industrie dans la région.

Enseigne originale de Orbea Hermanos qui combinait les initiales de l’entreprise, on la retrouve gravée sur une multitude d’armes à travers le monde

Un virage à deux roues
En 1926, l’entreprise opère un virage radical : les tubes de fusils deviennent des cadres de vélos. Eibar, cœur historique de l’armurerie, se transforme alors en centre névralgique de la fabrication de bicyclettes. Orbea rejoint des entreprises comme BH, qui avait amorcé cette transition dès 1923. La société scinde ses activités : Orbea y Compañia, basée à Eibar, se consacre aux vélos, tandis que Hijos de Orbea, à Vitoria/Gasteiz, continue de produire des cartouches.

Cette période marque aussi l’essor du cyclisme dans la région. En 1910, Eibar organise sa première course, Eibar-Elgoibar-Eibar, 25 ans avant la création du Tour d’Espagne.

Un virage à deux roues
En 1926, l’entreprise opère un virage radical : les tubes de fusils deviennent des cadres de vélos. Eibar, cœur historique de l’armurerie, se transforme alors en centre névralgique de la fabrication de bicyclettes. Orbea rejoint des entreprises comme BH, qui avait amorcé cette transition dès 1923. La société scinde ses activités : Orbea y Compañia, basée à Eibar, se consacre aux vélos, tandis que Hijos de Orbea, à Vitoria/Gasteiz, continue de produire des cartouches.

Cette période marque aussi l’essor du cyclisme dans la région. En 1910, Eibar organise sa première course, Eibar-Elgoibar-Eibar, 25 ans avant la création du Tour d’Espagne.

« Cette période marque aussi l’essor du cyclisme dans la région.”

La coopérative, un nouveau départ
Malgré son succès initial, Orbea traverse une crise dans les années 1960. En 1969, au bord de la faillite, l’entreprise est reprise par ses employés sous forme de coopérative. Ce nouveau modèle lui permet de rebondir. En 1975, l’usine déménage à Mallabia, renforçant son engagement dans le cyclisme professionnel avec sa propre équipe professionnelle.

Une marque à la pointe de l’innovation
Orbea ne cesse d’innover et de s’étendre. Aujourd’hui, la marque propose une gamme variée : vélos de course, de montagne, de triathlon, de ville, électriques, ainsi que des casques et accessoires. Dans chaque discipline, elle propose des modèles personnalisables, à l’image de l’Orca, un vélo de route ultraléger doté d’un câblage intégré et d’un cadre pesant seulement 833 g. Ce modèle incarne parfaitement l’équilibre entre esthétique et technicité.

Sur la selle du monde
Avec des filiales dans le monde entier (États-Unis, France, Allemagne, Australie, etc.), Orbea s’impose comme un acteur clé de l’industrie du vélo. Toujours basée à Mallabia, elle allie savoir-faire historique et innovation pour conquérir de nouveaux sommets.

Plus d’articles

Voir tout

Bromalgae : Des êtres microscopiques aux manettes d’une révolution

BROMALGAE

Lire la vidéo
Texte : Nahia Zubeldia / Video : Mito & Iker Treviño
FB
PN
X

Share 

Des êtres microscopiques aux manettes d’une révolution

Il y a quelques décennies encore, Barakaldo constituait le cœur de la sidérurgie et de l’industrie lourde, à l’époque où les Hauts Fourneaux biscayens produisaient du fer et de l’acier. Véritable tremplin pour l’économique basque, cette activité provoquait malheureusement une très forte pollution. Avec le temps et le déclin de l’industrie, Bilbo et ses environs ont connu des transformations considérables, avec l’apparition de nouvelles politiques environnementales et de projets de développement durable.

Les Hauts Fourneaux de Biscaye, fondés en 1902 à Barakaldo.

Ainsi, la révolution verte qui se déroule actuellement au Pays Basque ne provient pas uniquement de ses forêts ou de son agriculture. De minuscules organismes marins, les microalgues, ouvrent la voie vers un avenir plus durable. C’est le pari de l’entreprise novatrice Bromalgae : utiliser la puissance des microalgues pour faire face aux grands enjeux environnementaux tels que la réduction de la pollution de l’air, l’absorption du dioxyde de carbone ou la promotion des énergies renouvelables.

Les microalgues, or vert marin
Ces microalgues, petites mais puissantes, sont parfois comparées à des « superplantes » en raison de leurs incroyables capacités écologiques. En plus de leur capacité exceptionnelle à absorber le dioxyde de carbone et à produire de l’oxygène, les microalgues se multiplient à une vitesse impressionnante, doublant voire triplant chaque jour ! Toutes ces caractéristiques en font des alliées intéressantes et productives pour l’industrie, l’alimentation ou encore la production d’énergie. En utilisant le processus naturel qui permet d’oxygéner la planète, Bromalgae développe la technologie offerte par les microalgues pour réduire la pollution et purifier l’air.

Pour nous permettre de respirer un air plus sain dans nos villes polluées, l’entreprise a créé de drôles d’arbres d’algues. Ce système, baptisé GarbiAir, permet de capturer des gaz tels que le CO₂ et les Nox, grâce aux microalgues. Les premières expérimentations effectuées à Barakaldo et à Bayonne sont plus que prometteuses, puisqu’elles ont permis de révéler une baisse de 30 à 40 % des émissions de dioxyde de carbone et de 70 % des oxydes d’azote. Il se pourrait donc que nous voyions fleurir dans nos rues ces arbres d’un nouveau genre dans un avenir pas si lointain.

Mais les enjeux de la pollution dépassent largement cette échelle. Les grandes industries émettent des quantités de gaz très nocives pour l’environnement. Là encore, les microalgues ont leur mot à dire. Le système GarbiNox permet, grâce à des système ingénieux installés dans les usines, de filtrer l’air, en absorbant les gaz toxiques et en expulsant de l’air plus pur. Cette technologie, en plus de préserver l’environnement, aide les entreprises à respecter les réglementations les plus strictes en la matière.

Les microalgues ont bien d’autres cordes à leur arc. Pour pouvoir les étudier au mieux et en tirer tout le bénéfice, Bromalgae s’est lancée dans la production de microalgues à échelle industrielle, dans le cadre du projet Valga. Les microalgues pourraient ainsi s’appliquer à l’agriculture, à la gestion des déchets, à la santé ou encore à la cosmétique.

Bromalgae prouve qu’une ville ou une région, même marquée par un passé polluant, peut se réinventer pour devenir un acteur majeur de la protection de l’environnement. Elle démontre par ailleurs que les microalgues offrent des solutions concrètes et efficaces face aux grands enjeux écologiques.

Cependant, pour que ces technologies révolutionnaires deviennent une réalité à grande échelle, de nombreux obstacles demeurent. En plus de passer la production à une échelle industrielle, il est essentiel de faire connaître et diffuser les bienfaits des microalgues, pour éveiller les consciences des citoyens et pousser les entreprises vers des alternatives durables. Les politiques publiques doivent agir dans le même sens, en plaçant la qualité de l’air et la protection de l’environnement au cœur de leurs priorités.

Les microalgues, un pari d’avenir
Bromalgae prouve qu’un avenir plus vert et plus soutenable passe par l’association des technologies innovantes et de la puissance de la nature.
Les microalgues ne sont pas une solution miracle mais bien une opportunité réelle offerte par la science et l’ingénierie pour réduire la pollution et préserver l’environnement.

Depuis le Pays Basque, le travail de Bromalgae démontre au monde que ces êtres marins microscopiques peuvent avoir un impact gigantesque sur la santé de notre planète.

Le potentiel des microalgues est encore en grande partie inexploité, mais il ne demande qu’à germer. La technologie, la sensibilisation et la réglementation sont les trois piliers indispensables qui lui permettront de s’épanouir et de se déployer.

Lampes B.Lux : des idées lumineuses et multiformes

B.LUX

Texte: Naia Zubeldia / Photos: B.Lux
FB
PN
X

Share 

Fondée en 1979 à Markina, en Biscaye, l’entreprise de luminaires B.Lux s’impose comme un établissement pionnier, dans un contexte industriel traditionnellement dominé par la sidérurgie et les machines-outils.

Dès ses débuts, elle se distingue par son approche novatrice, combinant fabrication locale, design d’exception et ouverture internationale. B.Lux privilégie une production locale et de qualité, entièrement réalisée dans son usine de Gizaburuaga, doublée en capacité dès la fin des années 1980.

Plusieurs unités spécialisées de la région complètent la chaîne de fabrication, prenant en charge des procédés tels que l’emboutissage du métal, l’extrusion ou encore l’injection plastique. Contrairement à de nombreuses entreprises qui délocalisent vers l’Asie, B.Lux choisit de conserver envers et contre tout son ancrage territorial.

Guillermo Capdevilla pionnier du design en Pays basque avec une équipe de designers au centre DZ Diseinu Zentrua à Bilbao – 1985
Couverture du premier catalogue de la collection Belux System -1980

Le design au cœur de la stratégie
Le design est un pilier fondateur pour B.Lux, qui collabore, dès ses débuts, avec des créateurs de grand talent. Dans les années 1980, Guillermo Capdevilla, pionnier du design industriel au Pays Basque, ouvre la voie avec des créations novatrices qui marqueront durablement l’identité de B.Lux.

Il est rapidement rejoint par d’autres grands noms du design, tels que Jorge Pensi, Miguel Ángel Ciganda et plus récemment David Abad, Stone Designs ou Tim Brauns. Ensemble, ils développent des luminaires au design intemporel, régulièrement récompensés par des prix internationaux.

Projets architecturaux et extérieurs
Depuis 2001, B.Lux développe des systèmes d’éclairage pour des projets architecturaux d’envergure, collaborant avec des architectes de renom tels que Frank O. Gehry, Patxi Mangado ou Dominique Perrault. En parallèle, l’entreprise propose des modèles pour l’éclairage extérieur, dont certains, comme la lampe Kanpazar (Jon Santacoloma), ont reçu des prix internationaux de design.

Conçue en 1979 par Guillermo Capdevilla, la collection Belux system est rééditée en 2019.
Collection Aspen (Werner Aisslinger) : Lampes à doubles abat-jours aux teintes mates et combinables, offrant un éclairage sophistiqué, à la fois direct et diffus.
Belux system (Guillermo Capdevilla, 1979) : Une collection de lampes articulées, rééditée en 2019 pour son intemporalité.

« Avec une présence dans plus de 50 pays, B.Lux conjugue savoir-faire local et vision globale.”

Une référence internationale
Avec une présence dans plus de 50 pays, B.Lux conjugue savoir-faire local et vision globale. La complémentarité entre les savoir-faire industriels basques et le talent de designers locaux et internationaux a permis à cette entreprise familiale de devenir une référence dans l’univers du luminaire design.

Plus d’articles

Voir tout

Notox : des planches de surf écologiques et performantes

NOTOX

Texte: Naia Zubeldia / Photos: Mito & Notox
FB
PN
X

Share 

Pierre Pomiers et Benoît Rameix, passionnés de surf et collègues dans une entreprise de robotique, décident d’agir.

Une véritable harmonie avec la nature
Au tournant des années 2000, le surf, pourtant en symbiose avec la nature, révèle sa facette inavouable. La confection des planches génère une pollution importante : une planche de 3 kg produit 6 kg de déchets dangereux, et les matériaux nécessaires à sa fabrication parcourent en moyenne 9 000 km.

Face à ce constat, Pierre Pomiers et Benoît Rameix, passionnés de surf et collègues dans une entreprise de robotique, décident d’agir.

En 2006, ils fondent à Anglet Notox, un atelier innovant qui place la santé des artisans et l’environnement au cœur de ses priorités. En collaboration avec la médecine du travail, ils équipent leur atelier pour minimiser les nuisances : aspiration des particules fines, réduction du bruit, substitution des solvants toxiques et recyclage des déchets.

Les premières planches écologiques
En 2010, Notox lance sa première planche de surf écologique en fibre de lin. Son noyau en polystyrène recyclé et sa résine époxy biosourcée (56 % d’origine végétale) réduisent drastiquement son empreinte écologique : les matériaux sont relocalisés à 700 km et 75 % des 4 kg de déchets produits par planche sont recyclés. Cette innovation garantit également des performances optimales : légèreté, absorption des vibrations et maniabilité.

Chantournement et ponçage d’une planche en liège

« Alliant technicité, responsabilité écologique et accessibilité, Notox incarne une nouvelle vision du surf.”

La révolution du liège
En 2016, après trois ans de recherche, Notox crée sa planche en liège, idéale pour les surfeurs débutants et intermédiaires. Résistant aux chocs et antidérapant, le liège rend inutile l’utilisation de wax. Cette planche remporte un succès immédiat et représente aujourd’hui plus de 50 % de la production.

Une marque en pleine expansion
Les créations de Notox, exposées dans de nombreux salons et lors de l’Exposition universelle de Milan en 2015, attirent l’attention internationale. Aujourd’hui, 20 % des ventes sont réalisées à l’export, et la marque envisage l’ouverture d’un atelier sous licence en Australie.
Alliant technicité, responsabilité écologique et accessibilité, Notox incarne une nouvelle vision du surf, où passion et respect de l’environnement peuvent enfin naviguer ensemble.

Gabardine Loreak Mendian : la volonté des grands sommets

Gabardine Loreak Mendian : la volonté des grands sommets

Texte: Naia Zubeldia / Photos : Loreak Mendian
FB
PN
X

Partager

En 1992, Xabi Zirikiain, fraîchement diplômé en ingénierie mécanique, retourne à Donostia-Saint-Sébastien après une année sabbatique marquée par une traversée de l’Atlantique et un voyage en Inde.

Inspiré par ses expériences, il commence à produire des t-shirts floqués « Loreak Mendian » (des fleurs à la montagne). En 1995, avec son ami Victor Serna, il ouvre une petite boutique sur le port de Donostia. Xabi conçoit les vêtements, Victor les vend. Leur proposition : un style urbain mêlé à une proximité avec la nature.

Boutique historique sur le port de Saint-Sébastien

La marque trace son sillage
Rapidement, Loreak Mendian devient incontournable dans la mode locale. Ses sweat-shirts ornés de fleurs séduisent une clientèle jeune et variée, au sud comme au nord du Pays Basque. Fidèle à ses valeurs, la marque propose dès le départ des vêtements unisexes inspirés des tendances culturelles et sociales. En 2011, elle emploie soixante personnes et gère douze boutiques.

Un tournant stylistique
À partir de 2015, Loreak Mendian abandonne son positionnement initial entre surfwear et streetwear pour des collections plus sophistiquées. Le style devient graphique et chic, tout en restant fidèle à l’identité de la marque : créativité, ancrage territorial et universalité. Ce passage à une esthétique plus mature s’incarne dans la gabardine Ura (l’eau).

« Disponible en teintes sobres ou électriques, Ura devient rapidement un produit phare de la marque”

Ura : une pièce emblématique
Inspirée par le climat pluvieux du Pays Basque, cette gabardine allie élégance minimaliste et technicité. Confectionnée en tissu britannique imperméable de coton tressé, elle protège de la pluie sans le rendu brillant d’un ciré. Disponible en teintes sobres ou électriques, Ura devient rapidement un produit phare de la marque.

Un horizon sans frontières
Aujourd’hui, Loreak Mendian s’impose sur les marchés internationaux et se tourne vers les grandes enseignes. En 2019, la marque fusionne avec le groupe Ternua, spécialisé dans les textiles et équipements sportifs, et engagé dans une démarche écologique. Présente dans 50 pays, Loreak Mendian continue d’étendre ses branches sans jamais renier ses racines.

Palmadera : des petites surfaces aux grandes ambitions

PALMADERA

Texte: Naia Zubeldia / Photos: Mito
FB
PN
X

Partager

En 1962, l’entreprise Palmadera s’installe à Bera/Vera de Bidasoa, en Navarre, en apportant une technique allemande novatrice : la fabrication d’objets en contreplaqué moulé.

Les produits, composés de feuilles de hêtre imprégnées de résine phénolique et comprimées sous haute pression, séduisent rapidement. La robustesse et la polyvalence de ces matériaux les rendent indispensables, du mobilier scolaire aux plateaux d’hôtellerie.

Un perfectionnement continu
Dans les années 1990, Palmadera modernise ses procédés en introduisant du papier Kraft dans les couches intermédiaires et en améliorant les finitions grâce au placage en chêne. Ce matériau, à la fois esthétique et pratique, devient un standard dans le secteur hôtelier. En 2005, en collaboration avec le studio Zoocreative, Palmadera lance une collection primée de plats et de plateaux, conquérant des marques prestigieuses comme Starbucks, McDonald’s et Zara Home, en quête de designs personnalisés.

L’architecture comme nouvel horizon
La technologie de compression développée par Palmadera prend une nouvelle dimension en 1992, lorsque des panneaux de bois sont utilisés pour habiller des pavillons lors de l’Exposition universelle de Séville. Ce succès propulse l’entreprise dans le secteur architectural. Le groupe Palmadera, représenté par sa marque sœur Parklex, développe des panneaux stratifiés en bois capables de résister aux conditions climatiques les plus extrêmes.

Université de Washingtongo
Architecte : Perkins+Will
Hall of Waterfront City – Chongqing
Architecte : Shangai Tianhua
5 St Paul’s Square Liverpool
Architecte : RHWL

« Avec 130 employés et une présence dans le monde entier, Palmadera et Parklex sont aujourd’hui des acteurs incontournables du design industriel ”

Une innovation au service des architectes
Les panneaux Parklex deviennent un choix privilégié pour des projets architecturaux exigeants. Ils permettent de réaliser des façades ventilées, des parois courbes, des garde-corps, des faux plafonds et des sols ultra résistants. Leur versatilité invite les architectes à repousser les limites de la créativité.

Des réalisations prestigieuses à travers le monde
Les panneaux stratifiés Parklex habillent les murs de bâtiments emblématiques :

Musée Guggenheim de Frank Gehry à Bilbao.
W Barcelona Hôtel de Ricardo Bofill.
Hôtel Silken Puerta América à Madrid, suites Jean Nouvel.
Hôtel de Région Rhône-Alpes de Christian de Portzamparc.

On les retrouve également dans des projets internationaux tels que :

5 St Paul’s Square à Liverpool.
Université de Washington à Seattle.
Woodview Mews à Croydon.
Hall of Waterfront City à Chongqing
Fast Lane Center à Tel Aviv.

Une entreprise en pleine croissance
Avec 130 employés et une présence dans le monde entier, Palmadera et Parklex sont aujourd’hui des acteurs incontournables du design industriel et de l’architecture, alliant tradition et innovation.

Le livre Hemendik : L’histoire de 50 objets iconiques du Pays Basque

Plus d’articles

Voir tout