« Ombuaren Itzala » ou l’ombre du bertsolari Otaño

« Ombuaren Itzala » ou l’ombre du bertsolari Otaño

Texte : Manuela Estel / Photos : Ombuaren hitzala
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Grâce à la participation collective, le film rend au peuple basque l’héritage culturel légué par Otaño.

« Ombuaren Itzala », réalisé par l’acteur et réalisateur Patxi Biskert, répond à une volonté de faire connaître la vie et l’œuvre du bertsolari (chanteur improvisateur) et poète Pello Mari Otaño Barriola (Zizurkil 1857 – Rosario, Argentine 1910).

Si Otaño a longtemps occupé une place de choix dans la culture basque, au fil du temps, sa figure est peu à peu tombée dans l’oubli. Le film, produit par Eguzki Art Zinema, a pour objectif de redonner vie à la mémoire d’Otaño et de la transmettre aux jeunes générations.

Origines et développement du projet
Patxi Biskert œuvre sans relâche depuis de nombreuses années pour que le film « Ombuaren Itzala » (l’ombre du belombra) prenne vie. Pour financer le projet, il a mis en place un processus collectif et participatif à grande échelle, impliquant les citoyens, les communes, les associations culturelles et le réseau éducatif. Le projet, né grâce au soutien institutionnel et aux préventes des billets, est aujourd’hui projeté à travers le Pays Basque depuis novembre 2024.

Contenu et argument du film
Le film se déroule entre 1889 et 1910, les années les plus productives d’Otaño.
À cette époque, il émigre en Argentine avec sa famille, où il crée de nombreux poèmes et bertso qui le rendront célèbre parmi la diaspora basque. Le belombra ou raisinier dioïque est un arbre qui pousse dans la pampa argentine. Il inspira à Otaño l’un de ses poèmes les plus reconnus, qui en fit un symbole de la nostalgie liée à l’exil.

« Le film « Ombuaren Itzala » vient alimenter notre mémoire collective, en repéchant la figure de Pello Mari Otaño et sa contribution à la culture basque”

Production et diffusion
Le film a été tourné à Zizurkil et en Argentine, les deux principaux lieux de vie d’Otaño. Il a été présenté en avant-première en l’église San Millan de Zizurkil le 30 novembre 2024, en présence du réalisateur Patxi Biskert, de son acteur principal Joseba Usabiaga et d’autres acteurs et opérateurs ayant participé au projet.

Il est actuellement en tournée dans plusieurs villes du Pays Basque. Si aucune date n’est encore définie pour une projection au Pays Basque Nord, espérons que nous aurons l’occasion de le voir dans nos salles prochainement. Par ailleurs, le film ne s’arrêtera pas aux portes des cinémas. Comme un juste retour des choses, le documentaire a été conçu pour être projeté dans d’autres lieux associatifs ou culturels du Pays Basque et exploité dans les établissements scolaires du territoire.

Le film « Ombuaren Itzala » vient alimenter notre mémoire collective, en repéchant la figure de Pello Mari Otaño et sa contribution à la culture basque pour les mettre sous la lumière qu’elles méritent. Ce documentaire est par ailleurs une preuve supplémentaire de la force et de la solidarité de la communauté basque pour la préservation de son patrimoine culturel.

Otaño écrivait à la fin d’un de ses bertso, « Je suis motivé par la volonté d’aider la langue basque. Les sujets dont je dispose sont modestes, j’ai bien peu de choses à dire, mais j’y passerai avec joie mes nuits, mes jours, mes semaines et mes congés. Mes frères, je vous demande une petite place au Pays Basque ».

Ama euskerak hau esan zidan
jarririk begi alaiak.
Horregatikan nakar honera
berari lagundu nahiak.
Gutxi nezake, oso txikiak
dira nik dauzkadan gaiak,
bainan pozkiroz egingo ditut
gauak, egun, aste, jaiak;
leku pixka bat Euskal Herrian
eskatzeizuet anaiak.

(…)
Grâce à Patxi Biskert, à Eguzki Art Zinema, ainsi qu’aux opérateurs et citoyens engagés, la place d’Otaño est désormais assurée au Pays Basque si cher à son cœur.

Sancheski, le premier skate en Europe

SANCHESKI

Texte: Naia Zubeldia / Photos: Mito
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La planche à roulettes basque Sancheski n’a rien à envier à ses homologues Outre-Atlantique. Grâce à une famille d’Irun, elle a sur adapter l’esprit du surf à la glisse urbaine.

En 1964, alors que les planches de surf envahissent les vagues de la côte basque, une planche d’un autre genre atterrit à l’aéroport de Biarritz. Le « roll-surf », ou « planche à surfer les trottoirs », débarque de Californie pour investir les espaces urbains de la région. Grâce à elle, une journée sans vagues n’est plus synonyme d’une journée sans glisse. Une petite révolution est en route.

De la neige à l’asphalte
L’événement ne passe pas inaperçu auprès d’une famille d’Irun. À la tête de Sancheski depuis 1934, entreprise de fabrication de skis et d’équipement de sport, la famille Sanchez peine à vendre sa production face à la concurrence croissante des marques françaises et autrichiennes. En 1966, le père décide de diversifier son activité. Outre les pentes enneigées, Sancheski adapte ses machines pour concevoir des planches destinées à dévaler le bitume.

Reste à promouvoir cette nouvelle activité qui n’en est qu’à ses prémices en Europe. Les frères Sanchez fondent la Sancheski Team et sillonnent l’Espagne et la France pour proposer des démonstrations de skate aux collèges et autres lieux qui veulent bien les accueillir.

Pionnière en Europe
La première marque de skate européenne est née. Les différents modèles de skateboards sont fabriqués à partir d’un même ensemble de matériaux : une base de bois massif montée sur des axes et des roues de patins à roulettes. Puis, des planches en contreplaqué cintré, en fibre de verre et enfin en polyéthylène avec le modèle « top naranja ». Ce modèle devient rapidement la référence au début des années 1970, jusqu’à être rebaptisé « el sancheski ».

Démonstration de skate par le Sancheski team à Madrid – 1978

« Le premier skatepark du continent est construit à Erromardie (Saint-Jean-de-Luz) en 1977.”

Une renommée déferlante
Des améliorations techniques sont vites apportées à la planche, notamment la roue en uréthane en 1973, véritable révolution. Plus durable et offrant une meilleure tenue de route, elle ouvre la voie à l’explosion du phénomène skate, qui devient international. L’engouement dépasse les frontières du Pays basque pour s’étendre à toute l’Europe. Le premier skatepark du continent est construit à Erromardie (Saint-Jean-de-Luz) en 1977. Puis les villes de Getxo, Gernika et bien d’autres se munissent de rampes pour attirer les riders.

Sancheski a inspiré de nombreuses autres marques de skate locales, mais elle continue, portée par la nouvelle génération de la famille Sanchez, de proposer des planches toujours plus performantes et innovantes. La dernière en date ? Le « Surf-skate », créé à l’occasion des cinquante ans de la marque en 2016, dont l’axe plus souple permet de réaliser en ville des figures semblables à celles du surf. Sur les pavés, la plage.

Orbea : du canon à la petite reine

 

ORBEA

Texte: Naia Zubeldia / Photos: Orbea
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Fondée en 1840 à Eibar, l’entreprise Orbea Hermanos, spécialisée dans l’armement, incarne l’âge d’or de cette industrie dans la région.

Enseigne originale de Orbea Hermanos qui combinait les initiales de l’entreprise, on la retrouve gravée sur une multitude d’armes à travers le monde

Un virage à deux roues
En 1926, l’entreprise opère un virage radical : les tubes de fusils deviennent des cadres de vélos. Eibar, cœur historique de l’armurerie, se transforme alors en centre névralgique de la fabrication de bicyclettes. Orbea rejoint des entreprises comme BH, qui avait amorcé cette transition dès 1923. La société scinde ses activités : Orbea y Compañia, basée à Eibar, se consacre aux vélos, tandis que Hijos de Orbea, à Vitoria/Gasteiz, continue de produire des cartouches.

Cette période marque aussi l’essor du cyclisme dans la région. En 1910, Eibar organise sa première course, Eibar-Elgoibar-Eibar, 25 ans avant la création du Tour d’Espagne.

Un virage à deux roues
En 1926, l’entreprise opère un virage radical : les tubes de fusils deviennent des cadres de vélos. Eibar, cœur historique de l’armurerie, se transforme alors en centre névralgique de la fabrication de bicyclettes. Orbea rejoint des entreprises comme BH, qui avait amorcé cette transition dès 1923. La société scinde ses activités : Orbea y Compañia, basée à Eibar, se consacre aux vélos, tandis que Hijos de Orbea, à Vitoria/Gasteiz, continue de produire des cartouches.

Cette période marque aussi l’essor du cyclisme dans la région. En 1910, Eibar organise sa première course, Eibar-Elgoibar-Eibar, 25 ans avant la création du Tour d’Espagne.

« Cette période marque aussi l’essor du cyclisme dans la région.”

La coopérative, un nouveau départ
Malgré son succès initial, Orbea traverse une crise dans les années 1960. En 1969, au bord de la faillite, l’entreprise est reprise par ses employés sous forme de coopérative. Ce nouveau modèle lui permet de rebondir. En 1975, l’usine déménage à Mallabia, renforçant son engagement dans le cyclisme professionnel avec sa propre équipe professionnelle.

Une marque à la pointe de l’innovation
Orbea ne cesse d’innover et de s’étendre. Aujourd’hui, la marque propose une gamme variée : vélos de course, de montagne, de triathlon, de ville, électriques, ainsi que des casques et accessoires. Dans chaque discipline, elle propose des modèles personnalisables, à l’image de l’Orca, un vélo de route ultraléger doté d’un câblage intégré et d’un cadre pesant seulement 833 g. Ce modèle incarne parfaitement l’équilibre entre esthétique et technicité.

Sur la selle du monde
Avec des filiales dans le monde entier (États-Unis, France, Allemagne, Australie, etc.), Orbea s’impose comme un acteur clé de l’industrie du vélo. Toujours basée à Mallabia, elle allie savoir-faire historique et innovation pour conquérir de nouveaux sommets.

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