Verde Prato, douce rebelle

Verde Prato, douce rebelle

Texte : Manuela Estel / Photos et vidéos : Verde Prato
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Avec Verde Prato, Ana Ursuaga a bâti un univers musical unique, inclassable, qu’elle fait résonner partout en Europe.

Un soir de 2019 à Bilbao, Ana Ursuaga se cherche un nom de scène à la va-vite. Elle vient d’accepter de jouer pour la première fois en solo pour un concert de musique expérimentale. Mais pas sous son vrai nom. « Je ne voulais pas que tous mes amis débarquent », raconte-t-elle. Alors elle cherche un nom flou, qui ne révèle rien de l’artiste, fille ou garçon, solo ou groupe.

C’est là qu’une image lui revient. Une vieille affiche qui orne depuis toujours les murs de la maison de ses parents à Tolosa. Celle d’une pièce de théâtre montée par sa mère quand elle était petite, intitulée Verde Prato. Spontanément, Ana en fait son nom de scène et se lance dare-dare dans la création de trois chansons.

Six ans plus tard, “Neskaren Kanta”, l’un des morceaux improvisés pour ce soir-là, tutoie les 2 millions d’écoutes sur Spotify. Et le nom “Verde Prato” s’affiche sur des salles de concerts et des festivals partout en Europe.

C’est là tout le paradoxe de Verde Prato : une musique née de la discrétion, mais portée par une voix impossible à ignorer. Un projet unique, à la fois ancré dans l’intime et tendu vers l’universel.

La voie d’une inclassable

Définir le style musical de Verde Prato, c’est la question à cent points. Elle-même hésite, cherche et lâche, dans un sourire : « éclectique ». Et comment pourrait-il en être autrement ? Ana Ursuaga a grandi dans l’éclectisme.

Sa mère enseignait le théâtre. Son père, peintre en bâtiment, lui a transmis sa passion pour les livres et la musique. Et ses tantes pianistes l’ont poussée très tôt vers le clavier. L’art sous toutes ses formes est omniprésent chez les Ursuaga.

Enfant, Ana se sent déjà à part. Elle dévore des livres, préfère les films en version originale et s’éloigne peu à peu des goûts de ses camarades. « Tolosa, c’est petit. On peut vite y être hors norme. Moi, ça m’a donné envie de partir, de voir ailleurs. » L’art devient alors un refuge et bientôt, une voie.

Après le bac, elle rejoint les Beaux-Arts de Bilbao et cofonde avec deux amies le trio libre et bruyant de Serpiente. « On s’éclatait à faire de la musique, on se fichait de comment ça sonnait. » Le groupe expérimente une version bien à elles du post-punk, avec Jayne Casey, Cate Le Bon et Siouxie and the Banshees en inspiration. « Le fait d’être un groupe de filles, ça changeait tout. Pas d’attente. Pas d’objectif précis. Juste l’envie de créer. »

C’est lors d’un concert de Serpiente que l’artiste Jon Mantxi la repère. Il l’invite à jouer en solo. C’est la naissance de Verde Prato. Rien qu’avec les trois premiers morceaux joués ce soir-là, elle pose les bases d’un univers à la fois singulier et varié : “Neskaren Kanta”, un reggaeton spectral, “Mutilaren Kanta”, une incantation envoûtante, et “Galtzaundi”, une chanson traditionnelle passée au filtre de l’électro minimaliste.

Tout de suite, les invitations tombent. Elle crée de manière prolifique. Les concerts s’enchaînent et, sans qu’elle ne l’ait jamais envisagé auparavant, Ana Ursuaga fait voyager Verde Prato (et l’euskara !), de Tolosa à Prague, des Açores à Londres.

« Sa mère lui dira plus tard que Verde Prato est le titre d’un conte de Giambattista Basile, où la princesse sauve le prince.”

Sur scène, une œuvre complète et engagée

Sa mère lui dira plus tard que Verde Prato est le titre d’un conte de Giambattista Basile, où la princesse sauve le prince. Ana ne pouvait pas mieux tomber. Car d’emblée, elle trace sa propre voie. Une proposition radicale qui convoque autant l’héritage des bertxularis et les chants liturgiques que la performance contemporaine.

À l’époque, une nouvelle vague artistique secoue déjà le Pays basque et l’inspire vivement. Ana cite notamment Mursego : « Elle jouait du violoncelle, lançait des boucles, ajoutait de l’électronique… C’était puissant, nouveau, ça m’a marquée. » Ana vient du trio Serpiente, où tout est permis, alors pourquoi taire cette envie d’expérimenter ? « Je me suis dit : si j’ai envie de faire du reggaeton, je le fais. Si j’aime le flamenco, j’en glisse dans un morceau. »
Son fil rouge, c’est son minimalisme. Seule sur scène, sans artifice ni accompagnement, elle impose sa présence magnétique. Un clavier, un looper, et une voix nue, qui joue avec les extrêmes. Presque rien et pourtant, tout un monde.

Si sa créativité est spontanée, presque organique, pour autant rien n’est laissé au hasard. Pas même les vêtements. Ana travaille avec une amie styliste pour composer des silhouettes qui échappent aux évidences. “Je ne veux pas qu’on voie juste une fille qui chante. Je veux qu’on ressente un projet complet. Quelque chose de théâtral, d’esthétique. Presque plastique.”
La scène est aussi le théâtre d’un geste politique féministe. « Je suis une femme qui compose seule, qui monte sur scène seule. C’est quelque chose que j’avais envie de voir, moi aussi, en tant que spectatrice. »

Le choix du basque a été moins réfléchi dans un premier temps. Il était naturel d’écrire dans sa langue maternelle. « Mais voir des gens partout en Europe danser sur ma langue, c’est un rêve ! Maintenant, c’est un parti pris auquel je tiens. »

Une douceur revendiquée

Verde Prato a enregistré son dernier opus “Bizitza Eztia” à Rome avec le producteur Donato Dozzy, figure de l’électro minimaliste. Avec l’Italie comme filigrane, elle part de ses expériences personnelles pour explorer une certaine idée de la dolce vita (bizitza eztia, en basque).

« Mais cette douceur, elle doit être pour toutes et tous. Sinon, ce n’est pas vraiment la dolce vita. » Car derrière l’électronique délicate, les thèmes forts affleurent : la nécessité d’un monde plus inclusif, la liberté, le féminisme, la pression sociale sur les corps des femmes.

Un album tout à fait à l’image des trois mots qu’Ana Ursuaga finit par trouver pour se qualifier : « Fille. Douce. Radicale. »

Néstor Basterretxea, pionnier du design basque moderne

Néstor Basterretxea, pionnier du design basque moderne

Texte: Peio Aguirre / Photos : Famille Basterretxea, Irungo udal artxiboa
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La première vocation de Nestor Basterretxea (Bermeo, 1924-Hondarribia, 2014) fut celle d’architecte. Cela ne l’empêcha pas de devenir artiste, casquette qu’il endossa pour aller explorer d’autres territoires créatifs tels que le cinéma, le design et même l’architecture.

Ses origines dans le design industriel remontent à la fin des années quarante à Buenos Aires, où le jeune Nestor poursuit ses études à l’Instituto Huergo et travaille comme illustrateur pour la multinationale suisse Nestlé. Il y apprend les principes fondamentaux de la perspective, de la délinéation et de la projection, qu’il mettra ensuite en pratique dans sa peinture et sa sculpture. Cette logique de design constituera son empreinte personnelle caractéristique, qu’il associera toujours à un esprit expressionniste et humaniste.

En 1957, il intègre l’Equipo 57 et explore les principes de l’interactivité spatiale. Aux côtés de Jorge Oteiza, il décore l’appartement de l’industriel et mécène Juan Huarte à Madrid. En 1958, il commence à concevoir pour H Muebles, une toute jeune entreprise de mobilier moderne. Il y rencontre d’autres designers, comme Gregorio Vicente Cortés, technicien et designer de confiance de Huarte.

Basterretxea est chargé de concevoir les premiers meubles du catalogue, alors qu’ils produisent le mobilier pour le Pavillon Espagnol à l’Exposition Universelle de Bruxelles de 1958, conçu par les architectes Ramón Vázquez Molezún et José Antonio Corrales. Les modèles de Basterretxea pour H Muebles se caractérisent par une structure métallique soutenue par un connecteur de type mécano, sur lequel reposent des assises moelleuses. Il dessine également des petites tables basses en bois ou en verre dotées de nervures métalliques asymétriques. Il conçoit pour H Muebles une première version du Diván H, l’un de ses designs signature les plus originaux.

Néstor Basterretxea et Jorge Oteiza avec la maquette de la Fondation Sabino Arana et la sculpture Cubos abiertos, espacios interiores, retenciones de luz, 1979. © J. García Koch / Archives du musée Jorge Oteiza
Photo publicitaire de mobilier Espiral, années 60. © Irungo udal artxiboa

Son expérience à Madrid et ses relations étroites avec des architectes et des designers, enrichies par les enseignements théoriques d’Oteiza, le familiarisent avec l’idéal d’intégration des arts encouragé par la Bauhaus. Il possède une grande maîtrise et un goût certain pour allier mobilier, ambiance, décoration et art. Lorsqu’il s’installe à la fin des années cinquante dans sa toute nouvelle maison-atelier d’Irun, il constate l’absence de mobilier moderne (à tuyaux ou en bois courbé) dans les foyers basques.

Il commence alors à tisser un lien entre l’industrie et la créativité, marquant le début de la modernisation du mobilier domestique. À Irun, il est chargé de l’architecture intérieure du salon de dégustation Aguirre et, en 1961, il devient associé dans une nouvelle boutique de Donostia appelée Espiral. Ce local, destiné à vendre des meubles nationaux et importés, sert également de bureau pour des projets de décoration et d’architecture intérieure. Espiral produit aussi quelques meubles en bois contreplaqué courbé, comme une banquette et sa petite table d’appoint en dibétou ou sipo, ainsi que d’autres tables en bois toutes simples.

On trouve dans les créations signées Espiral une inspiration nordique, austère ou un goût pour l’horizontalité japonaise. Espiral devient un lieu de référence pour celles et ceux qui souhaitent habiller leur foyer des dernières tendances. Ses locaux font aussi office de lieu de rencontre improvisé pour l’intelligentsia culturelle et intellectuelle de la ville. Parmi les créations les plus originales d’Espiral figure son jeu d’échecs, accompagné d’une boîte de rangement pour les pièces. Basterretxea reformule certaines de ses anciennes idées, comme le Diván H, dont il réalise un nouveau prototype, suivi d’une troisième version du canapé pour Biok. Cette obsession pour ses propres designs montre l’attachement profond de l’artiste à son travail.

Divan H, Biok, 1965. © Irungo udal artxiboa
Échiquier et pièces d’échecs, 1967. © Irungo udal artxiboa

« On observe chez Biok une évolution manifeste : l’austérité des premiers designs fait place à des formes organiques plus rondes, plus chaleureuses, plus pop.”

Les affaires d’Espiral se développent, et parallèlement, Basterretxea commence à travailler comme « designer de modèles exclusifs » pour Biok, une récente petite entreprise d’Irun spécialisée dans la production et la commercialisation de meubles, qu’il rejoint en tant qu’associé en 1965. Bien qu’Espiral et Biok soient deux entreprises distinctes, elles sont reliées par des associés communs, et le lien créatif entre les deux entités est assuré par le designer. Espiral devient le premier point de vente des meubles conçus et produits à Irun.

Chez Biok, Basterretxea développe tout son potentiel, en étroite collaboration avec les techniciens et les employés. Ils recourent à des techniques complexes d’ébénisterie et d’assemblage, et à un usage plus noble de bois africains. On observe chez Biok une évolution manifeste : l’austérité des premiers designs fait place à des formes organiques plus rondes, plus chaleureuses, plus pop. C’est une tentative d’échapper à la monotone sobriété du rationalisme, avec un mobilier haut de gamme qui ne sacrifie jamais la fonctionnalité ni le confort. C’est également l’époque de la révolution domestique portée par les revues italiennes Domus et Casabella, que Nestor recevait régulièrement chez lui.

Ce monde de références se mêle à une passion pour l’autochtone. Les pièces pour Biok portent le nom de villages côtiers : Orio, Zumaia, Getaria… La solide table de bureau Bermeo évoque la proue ou le brise-lames et se rapproche de nombreuses sculptures de l’artiste fondées sur des cercles et des demi-cercles. Ainsi, la nature et l’art trouvent leur traduction dans le design industriel : le dynamisme de la courbe, la spirale croissante, la forme inconstante des vagues… Cette période est marquée par l’engagement de Basterretxea en faveur de l’identité et de la culture basques. Ce n’est donc probablement pas par hasard que sa période la plus fertile chez Biok coïncide avec la gestation et la réalisation du long-métrage Ama Lur (1968), un jalon majeur de la culture basque pendant le franquisme.

Néstor Basterretxea, Julio Amóstegui et Fernando Larruquert sur le tournage de ‘Ama Lur’, documentaire considéré comme fondateur du cinéma basque, 1965. Photo de la collection José Julián Bakedano

En très peu de temps, Biok commence à participer à plusieurs des foires de design les plus importantes d’Europe, comme celle de Cologne. En 1968, Basterretxea conçoit deux variantes de son design le plus singulier et personnel, véritable manifeste esthétique qui reflète toute son idéologie stylistique : le fauteuil Kurpilla (variante phonétique de Gurpila, qui signifie « roue » en basque). Il s’agit d’un modèle au style « camp », doté d’une contrecourbe dans les accoudoirs, qui le hisse au rang des meilleurs designs des années soixante. La même année, Biok avait commercialisé avec grand succès le « système BK » de meubles modulaires pour la maison et le bureau.

Néstor Basterretxea avec les ouvriers de l’entreprise de mobilier Biok, Irun, années 1960. © Famille Basterretxea

Ensuite, Basterretxea esquisse sur papier et fabrique des petites maquettes, des photos et des displays de toute une série de prototypes visionnaires. Ce sera son testament dans le monde du design. Son expressivité d’artiste étant contrainte par la production standardisée, il prend ses distances avec Biok.

Ainsi s’achève son implication, qui aura duré un peu plus d’une décennie, dans le domaine du design industriel. Cette période aura été suffisante pour faire de Néstor Basterretxea une figure marquante en Espagne et un pionnier du design basque moderne.

Owantshoozi, créer ou mourir !

OWANTSHOOZI

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Texte : Nahia Zubeldia / Vidéo : Mito & Iker Treviño /

Photos : Owantshoozi
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Créer ou mourir !

À l’image du fumier qui fait pousser des roses, les déchets les plus improbables peuvent cacher de véritables trésors. Encore faut-il avoir le regard affûté et le savoir-faire d’Owantshoozi pour les déceler et les révéler au grand jour.

Après leurs études (Master à l’École de la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne pour elle, Bachelor avec Prix de l’Authenticité à la Design Academy d’Eindhoven pour lui), frère et sœur décident de créer une marque.

Au moment de lui donner un nom, après avoir parcouru un dictionnaire basque de A à Z sans y dénicher aucun nom assez percutant, Ddiddue lance : « Owantshoozi ! ». L’interjection de surprise baptisera finalement la marque familiale. Il faut dire que ce nom leur va comme un gant : la surprise, c’est toute l’essence d’Owantshoozi. Celle qu’ils aiment déclencher chez les autres, mais surtout celle qu’ils cherchent à revivre, encore et toujours, dans leur processus créatif.

Car Juana et Ddiddue sont de grands enfants à l’œil plein de malice : les enfants d’un père défenseur de la culture et d’une mère amatrice de mode ; les petits-enfants de leur grand-mère, qui tenait une épicerie dans leur atelier actuel d’Ordiarp ; mais aussi les enfants de la Soule, province la plus sauvage du Pays Basque —dans le meilleur sens du terme, évidemment-. Loin d’eux la tentation de verser dans une mythologie basque folkloriste à la mords-moi-le-nœud. Ces deux-là sont profondément ancrés dans la modernité, mais ils ont la mythologie chevillée au corps, comme ce tatouage qu’ils n’hésitent pas à coudre sur la peau du Kautera, personnage de la mascarade souletine, relookant la tradition basque à coup de pop culture.

À la merci de la matière
Juana et Ddiddue n’établissent aucune hiérarchie entre les matières. Pour eux, le caoutchouc ne vaut pas moins que l’or, l’argent ne vaut pas mieux que la pierre. Car la valeur ne vient pas des matériaux mais du regard qu’on leur porte. En génies de la lampe, ils exaucent la botte en caoutchouc qui rêvait de devenir casquette, la toile de parachute qui voulait être un sac à main ou à la dalle de sol de la RATP qui se voyait déjà en haut de l’arbuste, sous forme de nichoir.
Les deux artisans méticuleux retroussent leurs manches pour faire danser aiguilles et ciseaux. Car ils font tout eux-mêmes, du design à la couture, de la réception de rebuts à la mise en boutique.

Ddiddue et Juana nagent à contre-courant du consumérisme et du jetable. Ils sont prêts à sauver tout ce qui leur tombe sous la main pour lui donner une seconde vie. À l’instar de Mary Poppins et de son sac à malice, ils parviennent à glisser dans une seule casquette une botte, une chambre à air de tracteur et une toile de parachute.

Solide légèreté
Si Juana et Ddiddue n’hésitent pas à se triturer les méninges, quand il s’agit de se poiler, ils ne sont jamais les derniers. La véritable sagesse, pour eux, consiste à choyer sa part de folie. Leur dernière création en est le témoin évident. Ces quatre coussins, réalisés avec un jeu de couture délicat, illustrent les quatre éléments à travers un fil interminable qui trace des dessins fins et complexes sur de la toile récupérée. Mais l’observateur attentif remarquera que le vent est représenté par une flatulence, et l’eau par une généreuse et foisonnante femme fontaine.

Cette audace humoristique, qui apporte une dimension supplémentaire au travail d’Owantshoozi, met également en lumière l’humilité de Juana et Ddiddue : leur création ne cherche jamais à fournir des réponses mais à susciter de nouvelles questions. Ils ne considèrent pas le client comme un simple récepteur passif d’objets finis. Ainsi, leurs nichoirs, réalisés à partir de sols de la RATP, sont conçus comme des puzzles que chacun et chacune peut assembler chez soi, sans clou ni vis. Les designers généreux choisissent ainsi de partager avec l’acheteur le frisson du processus créatif.

Des accessoires décorés
S’ils avaient pu dire à leur grand-mère que des chapeaux et accessoires créés dans son ancienne épicerie leur vaudraient un prix Chanel et un prix Hermès, elle aurait sans doute eu du mal à y croire (se serait-elle écriée “owantshoozi !” ?). Eh oui, chez Juana et Ddiddue, ce sont les distinctions qui volent en escadrille. Pour autant, au sommet de la fame, ils n’ont pas laissé le temps à leurs chevilles d’enfler. Ni une ni deux, ils se sont remis au travail, fidèles à leur nature d’artisans appliqués et infatigables.

Loin des projecteurs, ils ont mis à profit ces récompenses pour nourrir leur créativité, travailler avec des ateliers de Chanel, découvrir de nouvelles machines et même s’en équiper, pour pouvoir travailler encore, travailler toujours, travailler mieux, sans jamais se lasser.
Car, comme ils disent, “Sorkuntza ala hil!” (Créer ou mourir !).

Les cartes Fournier : maîtres du jeu

FOURNIER

Texte: Naia Zubeldia / Photos: Mito
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Les premières parties du Mus, ce jeu de cartes unique en son genre, se déroulent au cœur de la province de Gipuzkoa.

Ce « poker basque », mentionné dès le XVIIIe siècle par le Père Larramendi dans sa Corografía o descripción general de la muy noble y leal Provincia de Guipuzcoa, fait appel à la malice, au bluff et à une communication subtile entre partenaires. Avec des expressions basques comme « hordago » ou « eduki », le jeu témoigne de ses origines profondément enracinées dans la culture locale.

Heraclio Fournier (1849-1916)
La fabrique à Vitoria – Gasteiz à la fin du XIXe siècle

Heraclio Fournier : l’as des as
C’est en 1870, à Vitoria/Gasteiz, qu’Heraclio Fournier, issu d’une lignée d’imprimeurs français, ouvre son propre atelier de lithographie, à l’âge de 19 ans. Sept ans plus tard, il commande au peintre local Diaz de Olano et au professeur de l’école d’Art de la ville le dessin d’un jeu de cartes baptisé « Vitoria ». Sans le savoir, Fournier pose les bases de ce qui deviendra le jeu de cartes le plus emblématique de la péninsule : la « baraja española ».

Partie de mus Ramiro Arrue (1892-1971) – Musée Basque de Bayonne

Une marque au rayonnement mondial
Le succès des cartes Fournier ne s’arrête pas au Mus. Avec une croissance constante, la marque se diversifie et conquiert de nouveaux marchés. En 1986, Naipes Heraclio Fournier SA s’associe à The United States Playing Card Company, devenant le leader mondial du marché des cartes à jouer.

Ancien logotype de la maison Fournier avec l’usine de production à Vitoria – Gasteiz.

« Malgré son expansion internationale, Fournier reste fidèle à ses racines.”

Une fabrication toujours enracinée au Pays basque
Malgré son expansion internationale, Fournier reste fidèle à ses racines. Ses cartes continuent d’être produites en Alava et équipent désormais les casinos du monde entier. Grâce à la diaspora basque, elles voyagent bien au-delà de la péninsule, animant des tournois de Mus de Buenos Aires à Vancouver en passant par Sydney.

Les cartes Fournier, symboles d’un savoir-faire unique, perpétuent une tradition séculaire tout en s’adaptant aux enjeux d’un marché global. Et si la partie semble bien entamée, le glas est encore loin d’avoir sonné.

Livre Hemendik : L’histoire de 50 objets iconiques du Pays Basque

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Sancheski, le premier skate en Europe

SANCHESKI

Texte: Naia Zubeldia / Photos: Mito
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La planche à roulettes basque Sancheski n’a rien à envier à ses homologues Outre-Atlantique. Grâce à une famille d’Irun, elle a sur adapter l’esprit du surf à la glisse urbaine.

En 1964, alors que les planches de surf envahissent les vagues de la côte basque, une planche d’un autre genre atterrit à l’aéroport de Biarritz. Le « roll-surf », ou « planche à surfer les trottoirs », débarque de Californie pour investir les espaces urbains de la région. Grâce à elle, une journée sans vagues n’est plus synonyme d’une journée sans glisse. Une petite révolution est en route.

De la neige à l’asphalte
L’événement ne passe pas inaperçu auprès d’une famille d’Irun. À la tête de Sancheski depuis 1934, entreprise de fabrication de skis et d’équipement de sport, la famille Sanchez peine à vendre sa production face à la concurrence croissante des marques françaises et autrichiennes. En 1966, le père décide de diversifier son activité. Outre les pentes enneigées, Sancheski adapte ses machines pour concevoir des planches destinées à dévaler le bitume.

Reste à promouvoir cette nouvelle activité qui n’en est qu’à ses prémices en Europe. Les frères Sanchez fondent la Sancheski Team et sillonnent l’Espagne et la France pour proposer des démonstrations de skate aux collèges et autres lieux qui veulent bien les accueillir.

Pionnière en Europe
La première marque de skate européenne est née. Les différents modèles de skateboards sont fabriqués à partir d’un même ensemble de matériaux : une base de bois massif montée sur des axes et des roues de patins à roulettes. Puis, des planches en contreplaqué cintré, en fibre de verre et enfin en polyéthylène avec le modèle « top naranja ». Ce modèle devient rapidement la référence au début des années 1970, jusqu’à être rebaptisé « el sancheski ».

Démonstration de skate par le Sancheski team à Madrid – 1978

« Le premier skatepark du continent est construit à Erromardie (Saint-Jean-de-Luz) en 1977.”

Une renommée déferlante
Des améliorations techniques sont vites apportées à la planche, notamment la roue en uréthane en 1973, véritable révolution. Plus durable et offrant une meilleure tenue de route, elle ouvre la voie à l’explosion du phénomène skate, qui devient international. L’engouement dépasse les frontières du Pays basque pour s’étendre à toute l’Europe. Le premier skatepark du continent est construit à Erromardie (Saint-Jean-de-Luz) en 1977. Puis les villes de Getxo, Gernika et bien d’autres se munissent de rampes pour attirer les riders.

Sancheski a inspiré de nombreuses autres marques de skate locales, mais elle continue, portée par la nouvelle génération de la famille Sanchez, de proposer des planches toujours plus performantes et innovantes. La dernière en date ? Le « Surf-skate », créé à l’occasion des cinquante ans de la marque en 2016, dont l’axe plus souple permet de réaliser en ville des figures semblables à celles du surf. Sur les pavés, la plage.

Orbea : du canon à la petite reine

 

ORBEA

Texte: Naia Zubeldia / Photos: Orbea
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Fondée en 1840 à Eibar, l’entreprise Orbea Hermanos, spécialisée dans l’armement, incarne l’âge d’or de cette industrie dans la région.

Enseigne originale de Orbea Hermanos qui combinait les initiales de l’entreprise, on la retrouve gravée sur une multitude d’armes à travers le monde

Un virage à deux roues
En 1926, l’entreprise opère un virage radical : les tubes de fusils deviennent des cadres de vélos. Eibar, cœur historique de l’armurerie, se transforme alors en centre névralgique de la fabrication de bicyclettes. Orbea rejoint des entreprises comme BH, qui avait amorcé cette transition dès 1923. La société scinde ses activités : Orbea y Compañia, basée à Eibar, se consacre aux vélos, tandis que Hijos de Orbea, à Vitoria/Gasteiz, continue de produire des cartouches.

Cette période marque aussi l’essor du cyclisme dans la région. En 1910, Eibar organise sa première course, Eibar-Elgoibar-Eibar, 25 ans avant la création du Tour d’Espagne.

Un virage à deux roues
En 1926, l’entreprise opère un virage radical : les tubes de fusils deviennent des cadres de vélos. Eibar, cœur historique de l’armurerie, se transforme alors en centre névralgique de la fabrication de bicyclettes. Orbea rejoint des entreprises comme BH, qui avait amorcé cette transition dès 1923. La société scinde ses activités : Orbea y Compañia, basée à Eibar, se consacre aux vélos, tandis que Hijos de Orbea, à Vitoria/Gasteiz, continue de produire des cartouches.

Cette période marque aussi l’essor du cyclisme dans la région. En 1910, Eibar organise sa première course, Eibar-Elgoibar-Eibar, 25 ans avant la création du Tour d’Espagne.

« Cette période marque aussi l’essor du cyclisme dans la région.”

La coopérative, un nouveau départ
Malgré son succès initial, Orbea traverse une crise dans les années 1960. En 1969, au bord de la faillite, l’entreprise est reprise par ses employés sous forme de coopérative. Ce nouveau modèle lui permet de rebondir. En 1975, l’usine déménage à Mallabia, renforçant son engagement dans le cyclisme professionnel avec sa propre équipe professionnelle.

Une marque à la pointe de l’innovation
Orbea ne cesse d’innover et de s’étendre. Aujourd’hui, la marque propose une gamme variée : vélos de course, de montagne, de triathlon, de ville, électriques, ainsi que des casques et accessoires. Dans chaque discipline, elle propose des modèles personnalisables, à l’image de l’Orca, un vélo de route ultraléger doté d’un câblage intégré et d’un cadre pesant seulement 833 g. Ce modèle incarne parfaitement l’équilibre entre esthétique et technicité.

Sur la selle du monde
Avec des filiales dans le monde entier (États-Unis, France, Allemagne, Australie, etc.), Orbea s’impose comme un acteur clé de l’industrie du vélo. Toujours basée à Mallabia, elle allie savoir-faire historique et innovation pour conquérir de nouveaux sommets.

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Lampes B.Lux : des idées lumineuses et multiformes

B.LUX

Texte: Naia Zubeldia / Photos: B.Lux
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Fondée en 1979 à Markina, en Biscaye, l’entreprise de luminaires B.Lux s’impose comme un établissement pionnier, dans un contexte industriel traditionnellement dominé par la sidérurgie et les machines-outils.

Dès ses débuts, elle se distingue par son approche novatrice, combinant fabrication locale, design d’exception et ouverture internationale. B.Lux privilégie une production locale et de qualité, entièrement réalisée dans son usine de Gizaburuaga, doublée en capacité dès la fin des années 1980.

Plusieurs unités spécialisées de la région complètent la chaîne de fabrication, prenant en charge des procédés tels que l’emboutissage du métal, l’extrusion ou encore l’injection plastique. Contrairement à de nombreuses entreprises qui délocalisent vers l’Asie, B.Lux choisit de conserver envers et contre tout son ancrage territorial.

Guillermo Capdevilla pionnier du design en Pays basque avec une équipe de designers au centre DZ Diseinu Zentrua à Bilbao – 1985
Couverture du premier catalogue de la collection Belux System -1980

Le design au cœur de la stratégie
Le design est un pilier fondateur pour B.Lux, qui collabore, dès ses débuts, avec des créateurs de grand talent. Dans les années 1980, Guillermo Capdevilla, pionnier du design industriel au Pays Basque, ouvre la voie avec des créations novatrices qui marqueront durablement l’identité de B.Lux.

Il est rapidement rejoint par d’autres grands noms du design, tels que Jorge Pensi, Miguel Ángel Ciganda et plus récemment David Abad, Stone Designs ou Tim Brauns. Ensemble, ils développent des luminaires au design intemporel, régulièrement récompensés par des prix internationaux.

Projets architecturaux et extérieurs
Depuis 2001, B.Lux développe des systèmes d’éclairage pour des projets architecturaux d’envergure, collaborant avec des architectes de renom tels que Frank O. Gehry, Patxi Mangado ou Dominique Perrault. En parallèle, l’entreprise propose des modèles pour l’éclairage extérieur, dont certains, comme la lampe Kanpazar (Jon Santacoloma), ont reçu des prix internationaux de design.

Conçue en 1979 par Guillermo Capdevilla, la collection Belux system est rééditée en 2019.
Collection Aspen (Werner Aisslinger) : Lampes à doubles abat-jours aux teintes mates et combinables, offrant un éclairage sophistiqué, à la fois direct et diffus.
Belux system (Guillermo Capdevilla, 1979) : Une collection de lampes articulées, rééditée en 2019 pour son intemporalité.

« Avec une présence dans plus de 50 pays, B.Lux conjugue savoir-faire local et vision globale.”

Une référence internationale
Avec une présence dans plus de 50 pays, B.Lux conjugue savoir-faire local et vision globale. La complémentarité entre les savoir-faire industriels basques et le talent de designers locaux et internationaux a permis à cette entreprise familiale de devenir une référence dans l’univers du luminaire design.

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Notox : des planches de surf écologiques et performantes

NOTOX

Texte: Naia Zubeldia / Photos: Mito & Notox
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Pierre Pomiers et Benoît Rameix, passionnés de surf et collègues dans une entreprise de robotique, décident d’agir.

Une véritable harmonie avec la nature
Au tournant des années 2000, le surf, pourtant en symbiose avec la nature, révèle sa facette inavouable. La confection des planches génère une pollution importante : une planche de 3 kg produit 6 kg de déchets dangereux, et les matériaux nécessaires à sa fabrication parcourent en moyenne 9 000 km.

Face à ce constat, Pierre Pomiers et Benoît Rameix, passionnés de surf et collègues dans une entreprise de robotique, décident d’agir.

En 2006, ils fondent à Anglet Notox, un atelier innovant qui place la santé des artisans et l’environnement au cœur de ses priorités. En collaboration avec la médecine du travail, ils équipent leur atelier pour minimiser les nuisances : aspiration des particules fines, réduction du bruit, substitution des solvants toxiques et recyclage des déchets.

Les premières planches écologiques
En 2010, Notox lance sa première planche de surf écologique en fibre de lin. Son noyau en polystyrène recyclé et sa résine époxy biosourcée (56 % d’origine végétale) réduisent drastiquement son empreinte écologique : les matériaux sont relocalisés à 700 km et 75 % des 4 kg de déchets produits par planche sont recyclés. Cette innovation garantit également des performances optimales : légèreté, absorption des vibrations et maniabilité.

Chantournement et ponçage d’une planche en liège

« Alliant technicité, responsabilité écologique et accessibilité, Notox incarne une nouvelle vision du surf.”

La révolution du liège
En 2016, après trois ans de recherche, Notox crée sa planche en liège, idéale pour les surfeurs débutants et intermédiaires. Résistant aux chocs et antidérapant, le liège rend inutile l’utilisation de wax. Cette planche remporte un succès immédiat et représente aujourd’hui plus de 50 % de la production.

Une marque en pleine expansion
Les créations de Notox, exposées dans de nombreux salons et lors de l’Exposition universelle de Milan en 2015, attirent l’attention internationale. Aujourd’hui, 20 % des ventes sont réalisées à l’export, et la marque envisage l’ouverture d’un atelier sous licence en Australie.
Alliant technicité, responsabilité écologique et accessibilité, Notox incarne une nouvelle vision du surf, où passion et respect de l’environnement peuvent enfin naviguer ensemble.

Gabardine Loreak Mendian : la volonté des grands sommets

Gabardine Loreak Mendian : la volonté des grands sommets

Texte: Naia Zubeldia / Photos : Loreak Mendian
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En 1992, Xabi Zirikiain, fraîchement diplômé en ingénierie mécanique, retourne à Donostia-Saint-Sébastien après une année sabbatique marquée par une traversée de l’Atlantique et un voyage en Inde.

Inspiré par ses expériences, il commence à produire des t-shirts floqués « Loreak Mendian » (des fleurs à la montagne). En 1995, avec son ami Victor Serna, il ouvre une petite boutique sur le port de Donostia. Xabi conçoit les vêtements, Victor les vend. Leur proposition : un style urbain mêlé à une proximité avec la nature.

Boutique historique sur le port de Saint-Sébastien

La marque trace son sillage
Rapidement, Loreak Mendian devient incontournable dans la mode locale. Ses sweat-shirts ornés de fleurs séduisent une clientèle jeune et variée, au sud comme au nord du Pays Basque. Fidèle à ses valeurs, la marque propose dès le départ des vêtements unisexes inspirés des tendances culturelles et sociales. En 2011, elle emploie soixante personnes et gère douze boutiques.

Un tournant stylistique
À partir de 2015, Loreak Mendian abandonne son positionnement initial entre surfwear et streetwear pour des collections plus sophistiquées. Le style devient graphique et chic, tout en restant fidèle à l’identité de la marque : créativité, ancrage territorial et universalité. Ce passage à une esthétique plus mature s’incarne dans la gabardine Ura (l’eau).

« Disponible en teintes sobres ou électriques, Ura devient rapidement un produit phare de la marque”

Ura : une pièce emblématique
Inspirée par le climat pluvieux du Pays Basque, cette gabardine allie élégance minimaliste et technicité. Confectionnée en tissu britannique imperméable de coton tressé, elle protège de la pluie sans le rendu brillant d’un ciré. Disponible en teintes sobres ou électriques, Ura devient rapidement un produit phare de la marque.

Un horizon sans frontières
Aujourd’hui, Loreak Mendian s’impose sur les marchés internationaux et se tourne vers les grandes enseignes. En 2019, la marque fusionne avec le groupe Ternua, spécialisé dans les textiles et équipements sportifs, et engagé dans une démarche écologique. Présente dans 50 pays, Loreak Mendian continue d’étendre ses branches sans jamais renier ses racines.

Une petite cabane qui voit grand

Une petite cabane qui voit grand

Texte: Nahia Zubeldia / Argazkiak: Biderbost Photo
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Les architectes du Babelstudio de Bilbao ont mené un projet de rénovation ambitieux au coeur de la Sierra de Aralar : transformer une remise à outils de 20m2 en un pied-à-terre chaleureux.

Mettre de grandes idées au service d’un (tout) petit espace, voilà l’architecture du futur ?

Ces dernières années, les images de petites cabanes en pleine nature ont envahi réseaux sociaux, blogs et magazines. Dans un monde qui grouille d’informations, de gens et de pression, le besoin de nature, pour beaucoup, s’est fait irrépressible. C’est ce qui a amené un couple de créatifs de Bilbao dans les bureaux d’Andrea García, Michael Schmidt et Andrea Emmanuel, fondateurs du cabinet d’architectes Babelstudio. Propriétaires d’une remise à outils dans un bois de la Sierra de Aralar, aux confins du Gipuzkoa, ils aspiraient à en faire un lieu de repos bien mérité de fin de semaine, dans lequel ils pourraient bricoler, se reposer après une randonnée et même passer la nuit. Le cottage conçu par Babelstudio met au jour toute l’ingéniosité requise dans l’architecture des petits espaces.

« Un espace optimisé, qui préserve l’âme de la cabane d’antan”

« Le bâtiment était dans un état de grave détérioration », expliquent les architectes. « La structure présentait des problèmes de stabilité et l’enveloppe n’offrait ni isolation ni étanchéité. » Il leur a donc fallu repenser les matériaux et la structure de la cabane, tout en conservant sa forme et son volume d’origine, afin de respecter les normes en vigueur. Une cabane habitable de 20 m2, ni plus, ni moins. Le challenge avait de quoi séduire : à l’heure où les espaces et les budgets sont toujours plus réduits, l’architecture des petits bâtiments est celle qui laisse le plus libre cours à l’inventivité et à la créativité.

Les professionnels de Babelstudio ont donc dû veiller à ne créer aucun espace mort afin que chaque mètre carré soit optimisé. Cela s’est matérialisé en deux espaces de taille équivalente : le premier, un salon-chambre cosy autour d’un poêle, et dont les grandes baies vitrées offrent une plongée dans la végétation. Le second comprend une petite salle de bain sèche et un atelier de charpenterie littéralement ouvert sur la forêt, grâce à une large porte qui occupe toute la façade.

Un projet fondu dans son environnement
Autre défi architectural tout aussi ancré dans l’air du temps : rénover dans le plus grand respect de la nature. Pour cela, les créatifs de Babelstudio ont choisi d’utiliser le pin local pour les sols, les poutres et les murs intérieurs comme extérieurs. Le toit est en tôle ondulée. Un aspect « brut », twisté néanmoins par la peinture noire sur toute l’enveloppe extérieure de la cabane, qui donne l’impression à la fois d’un contraste et d’une fusion avec la nature environnante.